La semaine dernière, nous avons vu ensemble quelques images tirées du chapitre 55, soit les « monstrueuses peintures de baleines ».
Nous voici dans les chapitres 56 et 57 de l’épopée d’Ishmaël à bord du Pequod. Après s’être vertement moqué des illustrations les moins réussies, Melville évoque les tableaux les « moins pires » et les autres formes de représentation de la baleine (qui décidément est presque partout si on y prête attention).
Des portraits les moins erronés de la baleine
« Les meilleures esquisses de la vraie baleine sont dans Scoresby. »
« …, de beaucoup la meilleure représentation de baleines et de chasses à la baleine est celle donnée par deux grandes gravures françaises, bien exécutées et reproduites d’après des tableaux, par un nommé Garneray. Elles représentent respectivement des attaques du cachalot et de la Vraie-Baleine. Dans la première, un noble cachalot est dépeint dans la pleine majesté de sa puissance ; il vient de remonter des profondeurs de l’Océan, juste dessous une baleinière, et porte sur son dos, haut dans l’air, l’affreuse épave démantelée. »
« Dans la deuxième gravure, le canot est en train d’accoster le flanc d’une grande Vraie-Baleine en mouvement et qui roule sa masse noire pleine de mauvaises herbes marines, comme quelque éboulement de rocher couvert de mousse des falaises patagoniennes. Ses jets sont droits, pleins et noirs comme de la suie ; de sorte qu’à voir une telle fumée dans la cheminée, vous vous demandez quel brave souper est en train de cuire en bas, dans les grandes entrailles. »
Des baleines en peinture, en ivoire, en bois, en pierre, en montagnes, en étoiles
« Dans le Pacifique et aussi à Nantucket, à New-Bedford et à Sag Harbor, vous tomberez sur de vivantes esquisses de baleines et de scènes de chasses aux baleines, gravées par les pêcheurs eux-mêmes sur des dents de cachalot, ou sur des baleines de corset travaillées dans l’os de la Vraie-Baleine ; ainsi que d’autres ‘skrimshanders’ comme les baleiniers nomment les innombrables et ingénieuses petites inventions qu’ils sculptent laborieusement dans la matière brute, à leurs heures de loisir sur l’Océan. »
« Ainsi ai-je cherché le léviathan dans le ciel du Nord, autour du Pôle, dans les mille révolutions des étoiles brillantes qui me l’avaient d’abord montré. Et, sous les cieux resplendissants antarctiques, j’ai abordé la nef Argo et me suis joint à la chasse de l’étoile « Cétus », loin au-delà de l’extrême déploiement de l’Hydre et du Poisson volant. »
Enfin, j’ajoute deux images plus récentes. L’une nous vient du collectif belge Captain Boomer et de son « canular artistique » qui s’est échoué sur un quai de la Seine il y a quelques mois.
Et pour conclure, une image de baleine/cachalot comme je préfère les voir : libres, sans harponneurs à leurs trousses et, je l’espère, pas trop de touristes non plus.