Qu’est-ce que le projet Bradbury ?

C’est un marathon d’écriture au cours duquel Neil Jomunsi publie un texte par semaine pendant un an en hommage à l’auteur Ray Bradbury.

Plus d’infos ici pour ceux qui auraient raté le début.

Variété des thèmes : toujours !

Le mois dernier j’évoquais la variété des thèmes abordés. On peut dire que cette caractéristique est toujours bel et bien présente. Pour le prouver, voici les brefs résumés des quatre nouvelles du mois d’octobre.

PB7 – Celsius 233 – L’histoire d’un fonctionnaire qui épie ses concitoyens pour le gouvernement. Impossible de ne pas songer un instant à La Vie des autres. J’ai bien aimé la fin dont je ne peux rien dire sans ruiner tout le suspense (grrr !).

PB8 – Face à l’étoile – Ma nouvelle favorite ce mois-ci. On suit les pérégrinations d’un candidat à l’élection municipale pendant qu’une étrange étoile supra-lumineuse s’est installée dans le ciel. On se doute bien que tout cela n’est pas une simple coïncidence… Je n’ai qu’un souvenir assez vague des épisodes de La Quatrième dimension, mais je dois dire que j’y ai tout de suite pensé en lisant cette nouvelle.

PB9 – Kindergarten – Dieter est un enfant coincé dans un corps d’adulte. Il travaille au jardin d’enfants où sa complicité avec ces chères têtes blondes commence à causer quelques remous parmi les parents d’élèves et au sein de la direction de l’école. Un protagoniste très attachant pour un thème dépaysant (du moins dans l’Hexagone).

PB10 – La dernière guerre – La nouvelle la plus déroutante que j’aie pu lire depuis le début du projet. Comment parler de thèmes universels à travers le destin d’une abeille : il faut le lire pour le croire.

Mécanismes bien huilés

Tout comme le mois dernier, on suit toujours l’auteur au quotidien qui partage ses réflexions, ses sources d’inspiration, ses interrogations sur son blog et les réseaux sociaux. Il a dernièrement partagé ses chiffres de vente en toute transparence.

Cela fait un petit moment que je m’intéresse au livre numérique, mais je ne m’étais pas encore vraiment confrontée aux réalités du marché français.

Neil joue toujours la carte de l’interactivité avec une  « opération spéciale » sur les réseaux sociaux qui a permis à tous les lecteurs potentiels de se voir offrir une nouvelle gratuite et aux abonnés de bénéficier d’un texte bonus.

Petite nouveauté du mois, Neil s’est aussi lancé dans le podcast avec une histoire qui m’a beaucoup plu sur un dernier jour d’école qui n’en finit pas et un monde du dehors qui semble voué à sa fin.

La personnalité de l’écrivain qui transparaît

Quoi de plus naturel ? Oui, mais c’est amusant de la voir se dévoiler au fil des semaines. Quand on a lu un ou deux textes d’un auteur, souvent de façon non consécutive, on se fait une idée assez floue de cet écrivain.

Là, avec une livraison assurée chaque semaine, on a l’impression d’avancer dans les pas de l’auteur. Pour moi, c’est un peu comme un grand tunnel très sombre (= l’année) et devant, on a Neil Jomunsi qui tient la lampe torche. Il se retourne et nous fait signe : « Venez voir, j’ai trouvé un nouveau truc ». Et ça recommence chaque semaine, petit instant de magie qui nous mène à explorer des voies sur lesquelles on ne se serait probablement jamais engagés autrement (je pense notamment à La Dernière guerre).

Ce mois-ci, j’ai une belle moisson d’images sympathiques que je répertorie en vrac ici :

« Son cerveau s’emballa et ses neurones dansèrent le charleston dans sa tête. »

« Dieter se figea dans la posture de l’oiseau qui vient d’apercevoir le chat. »

« Un râle prit naissance dans sa gorge et s’en échappa comme une fuite de gaz. »

« Le vide qui nous habite est un gouffre insondable, un trou noir qui ne se remplira jamais. »

« Les flashs des appareils photo crépitèrent par vagues, comme des vers luisants sous cocaïne. »

« Cinq costauds droits dans leurs mocassins croisèrent les bras en me voyant pénétrer dans le vestibule. »

Ce que j’en retiens

La persévérance est une autre qualité primordiale pour un artiste. Et il est parfois intéressant de s’imposer des contraintes, des défis à relever. En ce début de NaNoWriMo, j’en suis plus que jamais consciente.

Chacun a sa version personnelle de la chose, mais j’en veux à ceux qui essaient nous faire croire qu’une œuvre créative, quelle qu’elle soit, est le fruit d’une sorte de fulgurance, un éclair de génie et d’inspiration tombé du ciel et puis voilà. Il y a certes peut-être un peu de ça, mais j’ai l’impression qu’il est nécessaire de s’imposer un cadre, un temps de mise à disposition, ce qui justement va permettre de voir surgir l’étincelle. Pour cela rien de tel qu’une routine imposée, un délai, un quota de mots à écrire chaque jour.

En conclusion

Le projet tient la route et reste toujours aussi original et innovant. C’est un abonnement qui en vaut vraiment la peine. Vous pouvez y aller les yeux fermés.

Quelques blogs et forums qui chroniquent régulièrement le projet (ceux que j’oublie peuvent se manifester) :

Dzahell

ChtiSuisse

Deidre

Le forum e-lire